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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 16:26

 

Chère Élise,

vous m’avez dit lors de notre dernière rencontre qu’il fallait bien qu’un individu prenne à un moment donné les choses en mains pour créer quelque chose localement, une entreprise en Économie Sociale et Solidaire (ESS), une filature de laine par exemple. Vous avez ajouté : il faut d’abord écrire le projet, prendre des contacts, se renseigner sur la faisabilité, trouver un lieu de production, puis trouver des partenaires financiers pour lancer vraiment le projet.

 

J’ai acquiescé, à chaud.

 

Puis dans la soirée je me suis dit : non, c’est peut-être comme ça aujourd’hui, en France, en Normandie, mais ça ne peut pas être inévitablement comme ça. Par exemple, excusez-moi de m’éloigner géographiquement et culturellement, à Porto Alegre les initiatives collectives sont vraiment possibles.

 

Et puis, surtout, à quoi sert un diagnostic de démocratie participative si, au final, c’est pour constater qu’il faut un pilote dans l’avion, toujours, un pilote qui « fait le boulot à 85% et qui félicite les autres pour leur bon travail, parce qu’il faut bien que quelqu’un les félicite » ? Quelle contradiction ahurissante !

 

Et aussi, troisième argument : comment ferons-nous en temps de crise ? « Tout le monde s’accorde sur ce fait : notre économie est mal en point. » Nous attendrons encore et toujours les initiatives personnelles pour créer ici un verger partagé, là une filature de laine, plus loin une boulangerie artisanale, ailleurs un renouveau de la filière bois ? Pourquoi est-ce si difficile de créer des groupes de travail au sein des comités de quartier ? Tandis que le dernier comité de quartier que j’ai vu fonctionner était un grand groupe de travail à lui tout seul, tous azimuts : improductif.

 

Encore : admettons que je m’investisse dans, par exemple, la faisabilité d’une filature de laine en Normandie.

D’accord.

J’y mets tout mon temps, toute mon énergie. J’y parviens quand ? Mettons dans 10 ans.

 

Et alors ?

 

J’aurai contribué à préparer l’après pétrole. Bien. À la hauteur d'une goutte d'eau de plus.

 

Mais je n’aurai pas pour autant contribué à créer une dynamique locale, collective, qui préparera l’après pétrole dans tous les secteurs !

 

Une filature de plus ne me convient pas.

 

C’est un monde défossilisé mais organisé et anticipé, inventé collectivement que je veux. Ou plus exactement qui m'apparaît nécessaire, vital. Ce n'est pas un caprice.

 

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Pourquoi n’y aurait-il pas la possibilité d’élaborer un plan de développement local d’entreprises en ESS défossilisées, artisanales, dans chaque secteur économique ?

Pourquoi chère Élise les collectifs d’habitants ne pourraient-ils pas réfléchir et travailler à un tel projet ? Pourquoi ne pourraient-ils pas formuler une demande aux pouvoirs publics locaux afin d’obtenir son soutien financier, logistique, informationnel, son appui auprès des SAFER, d’associations telles que Terre de liens, son soutien pour développer des formations comme celles programmées désormais à la Ferme du Bec Hellouin ?

 

Est-ce si insensé que des collectifs d’habitants s’attachent à apporter des réponses à cette société de l’impasse que des gens comme Richard Heinberg dénoncent depuis août 2009 en avant ? Voir

http://carfree.free.fr/index.php/2009/10/26/une-recession-temporaire%e2%80%a6-ou-la-fin-de-la-croissance/#more-4689

et surtout son résumé dans les commentaires, « lisible en 5min plutôt qu’en 30 », merci PIM !

 

Voir aussi

http://carfree.free.fr/index.php/2009/01/05/manifeste-pour-une-decroissance-conviviale/

 

Il y a tellement de choses à faire, mais individuellement rien n'est possible, sauf à croire au mythe du super-héros omni-présent dans l'abrutissoir : seules des actions collectives peuvent créer des dynamiques de changements locaux qui englobent tous les secteurs d'activité vers l'après pétrole.

 

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… « décroissance économique conviviale » peut-on lire dans http://carfree.free.fr/index.php/2009/10/26/une-recession-temporaire%E2%80%A6-ou-la-fin-de-la-croissance/#more-4689

 

Nous allons nous heurter à la décroissance matérielle dans un contexte de croissance économique. Exemple : tel centre de formation offre des stages d’agrobiologie, vitale à court terme, à des coûts parfois prohibitifs : il faut bien rembourser les emprunts contractés pour la construction du bâtiment de formation !

 

Comment sortir de ce dilemme ?

 

En faisant deux choses à la fois :

 

- en s’offrant ces stages à titre individuel ou collectif (les collectivités territoriales peuvent y former leurs techniciens) quand on en a les moyens financiers, devant toute autre priorité (plutôt que d’aller passer ses vacances à perpète ou aux sports d’hiver, plutôt que de subventionner l'économie locale pétrolière) ;

 

- et en construisant les conditions d’élargissement de ces pratiques de production alimentaire biologique en-dehors de tout aspect financier : comment contractualiser des échanges de services et de production entre par exemple un groupe d’habitants et un agriculteur conventionnel qui met à leur disposition une parcelle de ses terres en échange d’une partie de leur récolte future ? Comment échapper aux contraintes salariales ?

 

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Pourquoi se prendre la tête ainsi vous direz-vous peut-être ma chère Élise ?

 

Pour ces deux raisons au moins :

 

- en 2008 l'Agence Internationale de l'Energie – IEA pour International Enregie Agency – prédisait avec un catastrophisme peu caché, surtout de la part du journaliste du Guardian, le pic de pétrole en 2020. J'ai découvert cette interview seulement la semaine dernière. Voir

http://www.editionsdemilune.com/ptrolelafteestfinie-p-28.html

Or le 24 novembre dernier, Le Monde nous apprenait que cette même agence venait de déclarer, dans un silence médiatique quasi-général, que ce pic avait été passé dès 2006 ! Voir http://gorgerouge.over-blog.com/article-apres-petrole-maintenant-62192095.html

 

Prendre connaissance de ces deux informations l'une après l'autre est « croustillant ! » On peut affirmer sans hésiter que nous sommes bien informés !! On peut l'affirmer, oui, mais en se trompant. En ignorant son ignorance.

 

 

 

Bien à vous chère Élise,

 

votre dévoué.

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