« Comment se fait-il que l’espèce qui se dit la plus intelligente en soit arrivée à cette guerre totale contre la nature ? A ce meurtre démentiel de la "Terre-mère" dont elle dépend pourtant entièrement ? »
http://terresacree.org/reflexionfaite.htm
Il y a deux mondes virtuels dans mon quotidien : les informations radiophoniques d’un côté (Radio France surtout et "Radio propagande" en particulier, j'ai nommé France Info), et des sources d’informations telles que l’hebdomadaire La Décroissance ou la lettre électronique terre sacrée de l’autre.
Ces deux mondes virtuels, dans le sens où ils sont très différents de mon quotidien familial, professionnel, matériel, me donnent deux images du monde qui n’ont presque rien à voir l’une avec l’autre :
la radio parle de la crise économique, des catastrophes météorologiques et des énergies renouvelables,
La Décroissance et terre sacrée parlent de la crise climatique et proposent des solutions autres que technologiques : entrer en décroissance, se souvenir comment nous vivions avant le basculement climatique sans pour autant revenir en arrière.
Les deux ont raison ?
Non : terre sacrée et La Décroissance annoncent la couleur en faisant des enjeux environnementaux leur objet principal.
Tandis que la presse nationale est sensée parler de tout, mais elle ne dit quasiment rien de ce qui se dit sur l’autre face de la pièce. Sur ces catastrophes annoncées et en même temps censurées, annoncées trop rapidement parce que censurées : pour les enrayer, la première étape serait d’en parler ouvertement, avec une ouverture essentiellement faite aux solutions pour s’en sortir. Or seules les solutions technologiques ont droit d’être citées : ici non plus il n’y a pas d’autre alternative, There Is No Alternative, TINA.
Pourquoi « Deux mondes virtuels ? » avec un point d’interrogation ?
Parce que ces deux mondes disent chacun donner une description fiable, fidèle de la réalité (la réalité écologique surtout pour l’un d’entre eux), mais sur cet aspect de l’écologie leurs informations sont radicalement différents en termes de gravité du constat et de solutions.
Dans les deux il doit y en avoir au moins un qui est dans l’erreur, le mensonge, le déni.
Et l’un des deux est omniprésent et est financé par les grands groupes industriels ou par l’État qui est directement lié à eux (voir l’hebdomadaire Le plan B), l’autre n’est jamais cité par les médias dominants, comme s’il n’existait pas : autant dire censuré. Une censure intériorisée, écrite nulle part, proclamée nulle part. (Voir Noam Chomsky ou Serge Halimi).
9 novembre 2008.
Un exemple de ce décalage de perception, de cette double réalité, de cette schizophrénie :
=> du côté écologique je trouve ceci sur la lettre électronique de terre sacrée :
(extraits)
Né en 1932 à Besançon, père de la glaciologie moderne, Claude Lorius doit recevoir, mercredi 12 novembre, à Tokyo, le prix Blue Planet, l'une des plus prestigieuses récompenses internationales dans le domaine de l'environnement. En 1987, avec Jean Jouzel et Dominique Raynaud, il a été le premier à exploiter la présence de CO2 dans les carottes de glaces polaires pour établir un lien
expérimental entre changements Le glaciologue Claude Lorius
climatiques et concentrations des gaz à effet de serre.
…on prévoit d'ici la fin du siècle un bond climatique qui pourrait être équivalent à celui que la planète a franchi en dix mille ans pour passer de l'âge glaciaire à l'holocène !
… la liste des impacts est impressionnante parce que, sur cette question, tout est interdépendant... Ainsi, si le permafrost - ce couvercle de glace qui recouvre les sols arctiques - fond, il va libérer du méthane qui, en retour, va accentuer l'effet de serre et aider ainsi à la fonte des glaces. Et plus la surface de celles-ci diminue, plus leur pouvoir réfléchissant disparaît, amplifiant encore le réchauffement...
C'est sûr, nous aurons des catastrophes, des cataclysmes, des guerres. Les inondations, les sécheresses, les famines s'amplifieront…
Au XXe siècle, alors que la population était multipliée par quatre, la consommation d'énergie dont dépendent les émissions de gaz carbonique était multipliée par 40 ! Certains affirment aujourd'hui que la courbe d'augmentation de la population va se calmer. Sans doute. Mais la courbe de la consommation d'énergie, elle, n'a aucune raison de plonger !
Si l'homme est responsable, gardien de cette Terre, quels moyens a-t-il de la sauver ?
- Pour le coup, ce n'est pas mon domaine de compétence... Je ne sais pas…
Le développement durable est une notion à laquelle je ne crois plus. On ne peut pas maîtriser le développement. Et pour être durable, il faudrait être à l'état d'équilibre, or cet équilibre n'existe pas. C'est un terme trompeur. Avant, j'étais alarmé, mais j'étais optimiste, actif, positiviste. Je pensais que les économistes, les politiques, les citoyens pouvaient changer les choses. J'étais confiant dans notre capacité à trouver une solution. Aujourd'hui, je ne le suis plus... sauf à espérer un sursaut inattendu de l'homme.
Article paru dans l'édition du Monde du 12.11.08.
Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2008/11/11/un-expert-du-climat-appelle-a-un-sursaut-de-l-homme_1117219_3244.html
=> Et du côté France Info (Radio Propagande), le même jour est diffusée une chronique sur la parution du bouquin de Roland Cayrol qui minimise la part de l’activité humaine dans le réchauffement climatique.