Extraits de l’article d’Emmanuel Broto,
dans La Décroissance de novembre 2007 :
« Et si nous avions passé le pic ? »
Un litre de pétrole recèle autant d’énergie qu’une journée de travail de dix heures de deux hommes robustes, et pourtant il ne coûte qu’un euro et quelques centimes. Si son prix était équivalent à sa valeur énergétique en termes d’énergie humaine, un litre vaudrait deux SMIC journaliers avec quatre heures supplémentaires, toutes charges comprises ! Il serait ainsi considéré à sa juste valeur, quelque chose comme 235 euros le litre de pétrole…(*) À ce prix, on aurait moins de mal à l'économiser. Le prix du baril serait alors de (...) 53058 dollars le baril au taux de change actuel ! Ce prix correspond à 663 fois le prix actuel (...), et nous avons le culot de le trouver cher !
(…)
Le commerce transnational va progresivement se réduire, provoquant une relocalisation de l'économie.
(…)
À la suite de la première phase de dépression économique et de chaos, je pense que l'on va assisiter à un véritable bouleversement des occupations humaines.
(…)
Des métiers, actuellement très valorisés, vont dépérir très rapidement, surtout dans les zones urbaines liées à l’activité commerciale et financière ainsi que dans les administrations. En revanche, les métiers manuels, actuellement mal considérés, vont être régénérés et vont retrouver les faveurs sociales. La débrouillardise et l’habileté manuelle, les connaissances pratiques, pour certaines anciennes, vont devenir cruciales et pourront parfois déterminer la survie des uns et la mort des autres… Enfin, une grande partie de la population va retourner aux champs, pour produire de la nourriture qui deviendra de l’or.
(…)
Conclusion : le pic pétrolier pourrait entraîner des famines majeures, même dans les pays industrialisés.
(…)
Si l’on veut sortir du piège dans lequel nous avons glissé, nous allons devoir réapprendre à privilégier les valeurs de solidarité, d’empathie et d’entraide.
http://www.terredebrut.org/
Fin des extraits de l’article d’Emmanuel Broto.
(*) commentaire personnel : les énergies renouvelables n'arriveront jamais à la cheville du pétrole en terme de puissance, d'où une décroissance énergétique inévitable qu'il faut anticiper et organiser.
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Mais le mieux est plus loin, en page 13.
Dans un article intitulé « Crise financière : l’économie serre les fesses », un haut fonctionnaire – anonyme – de la Banque Centrale Européenne répond aux questions de Denis Baba.
Voici la fin de l’article :
Mais c’est affreux ! Que faire ?
Tu as toujours ta maison perdue dans la montagne, avec le poêle à bois, le poulailler et une bonne terre à potager ? Tu as une place pour moi ? Je sais repiquer les radis.
Fin de l'article.
bourrache
Alors Franck, tu rigoles toujours autant ? Et encore tu t’en sors bien avec ta maison et ton jardin : t’as plus qu’à faire un potager.
Pour ta gouverne, l’autonomie (alimentaire, vestimentaire pour la laine et le cuir etc.) est possible à raison de 0,6 hectare par personne, dixit « Longo Maï : vingt ans d’expérience communautaire ».
Si t’as pas assez grand en terrain faut solliciter ton maire pour négocier un agrandissement des terres maraîchères sur les plaines limitrophes à ton bled.
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Le Monde a beau titrer le 27 octobre 2007 en page 14 que '' l'extraction de l'or noir serait sur une pente déclinante '', cette information est noyée dans le flot des appels à la relance du pouvoir d'achat et derrière le nuage de fumée émis par le Grenelle de l'environnement. Tout le monde, le gouvernement en premier, se moque comme de sa première chemise du chaos qui approche chaque mois, chaque semaine, dû à l'explosion imminente du prix du baril. Incroyable. La Cantatrice Chauve à côté est bien pâlichonne en matière d'absurdité.
La remise à jour constante de nos informations en matière d'après pétrole est plus que déterminante quant à notre perception de l'ampleur du phénomène et quant à notre attitude.
En page 10 du n° 45 de décembre 07 - janvier 2008 en kiosque depuis le 28 novembre,
E. Broto a intitulé son article :
"Deux fois moins de pétrole dans vingt ans".
Le prochain que j'entends parler des générations futures, il prend ma main dans la girafe.
Pour ma part, sans la lecture systématique de La Décroissance, et malgré mes convictions avant même la découverte de ce mensuel, je n'aurais pas cette pugnacité dans mes prises de position et mes actes (réduction progressive de mon empreinte écologique au quotidien, création de mon blog, lettre aux élus etc.)
Pour être encore plus précis, je suis convaincu que sans la lecture de La Décroissance (en kiosque ou, mieux, par abonnement), vous ne parviendrez pas à échapper au troupeau d'autruches que forme l'immense majorité des gens qui nous entourent.
Pourquoi je prends la peine de dire celà ?
Parce que dans mon entourage proche, parmi ceux que je travaille au corps sans relâche, rarissimes sont ceux qui passent à l'acte en se mettant à lire La Décroissance, et du coup chaque jour j'ai l'impression de repartir à zéro, face à un troupeau d'autruches qui ne désemplit pas.
Peut-être avez-vous la sensation que vous venez de trouver quelque chose d’important, d’essentiel !… Mais la vigilance de Paul Valéry vous met en garde : « Trouver n’est rien. Le difficile est de s’ajouter ce qu’on trouve. »