Bonjour Camarade
suite à mon article Choque passe à l'action vous m'avez envoyé un long commentaire auquel je réponds ici. Cela me paraît important dans la mesure où vos arguments sont très fréquents, mais pas pour autant fondés d'après moi. Et comme l'enjeu est de taille (l'après pétrole, imminent), cette réponse me semble nécessaire.
Je vous écris ma réponse en orange dans votre texte en bleu.
Bonjour Camarade
j'ai lu votre article avec intérêt
il me vient tout de même un certain nombre de questions à la lecture de vos propositions.
ça me paraît plein de bonnes intentions de développer de la sorte d'abord des réseau de solidarité sociale
puis de promotionner les questions du logements et de la production agricole
mais
ces éléments là eux-mêmes sont dépendants et interdépendants des autres domaines d'activités sociales et économiques du monde.
Oui tout à fait. Est-ce à dire qu'on ne peut pas les modifier, qu'on ne peut rien modifier sous prétexte que tout est inter-dépendant ? Non. Lorsque les énergies fossiles coûteront 2, 3, 5 fois plus cher qu'aujourd'hui, tous les domaines d'activité vont en être métamorphosés, la question est : comment anticiper cette métamorphose inéluctable ?
même pour remettre en place une activité paléolythique, paléolithique améliorée, j'y tiens ! Nous avons inventé depuis tant de techniques douces qu'il serait idiot de s'en passer. Car c'est effectivement cette balise « paléolithique » qui me guide : comment faisions-nous avant ? Comment faisons-nous, depuis des millénaires, un peu partout dans le monde où les modes de vie restent encore souvent traditionnels et artisanaux, (voir tout le paragraphe en cherchant Jean Ziegler, surligné dans le quart supérieur des Contes de la vie sans pétrole ) et comment pourrons-nous faire demain pour inventer un monde où ces techniques artisanales seront enrichies d'autres techniques douces, sans recours aux énergies fossiles, en ayant recours par conséquent aux énergies musculaires (humaine ou animale) auxquelles s'ajouteront ces techniques douces (permaculture, jardiner sans arroser, agrobiologie, maisons en paille avec caves etc.)
il va vous falloir un territoire, un terrain,
oui évidemment, des territoires même, voir L'avenir de l'îlot St-Louis, j'y fais référence là où j'ai surligné « aller à la rencontre des agriculteurs ». Voir aussi tout le travail de Lydia et Claude Bourguignon qui s'expriment abondamment dans Le Titanic apicole, film de Dominique Guillet en trois volets.
un financement de vos impôts locaux dans le pays où vous vous installerez.
Non ! Je parle de travail convivial sur notre temps libre, j'ai passé l'été dernier à faire les foins bénévolement et je me suis éclaté parce que le groupe dans lequel je bossais était soudé, fraternel, c'était un véritable bonheur de bosser avec eux !
Et oui : si nous nous « installons » comme vous dites on peut fort bien vendre une partie des récoltes ou des produits (vestimentaires et autres) pour payer impôts et autres frais incontournables, ce qui n'empêche pas de produire d'abord pour notre propre consommation, ça se fait déjà ici et là ! Voir l'extrait du bouquin de Trixie dans Racontez vos vacances . Et puis plusieurs économistes, après l'Islande, la Grèce, le Portugal, l'Irlande, placent volontiers la France en 5ème rang dans la liste du château de cartes qui s'écroule. Allez parler des impôts locaux aux islandais ou aux grecs en ce moment !
avec l'activité de production de laine, comment allez-vous organiser sa commercialisation qui permettra aux producteurs d'entretenir leur quotidien ?
Activité pour une auto-consommation d'abord, et pour le côté commercial voir les coopératives lainières qui fonctionnent en France : Ardelaine et celle de Longo maï pour celles dont j'ai souvent entendu parler, mais il en existe d'autres.
même si vous développez une hygiène de vie et une auto-médication, lorsque exceptionnellement l'un d'entre vous aura besoin d'une intervention chirurgicale, comment vous raccrocherez vous au système ?
Là c'est toute la question de l'hygiène de vie justement, et des médications traditionnelles, mais sans doute êtes-vous l'une des nombreuses victimes des diktats du lobby pharmacologique, voir à ce sujet cette pétition . Voir aussi par exemple Michel Dogna , Jean-Jacques Crèvecœur , Corinne Gouget , Sylvie Simon, la liste est infinie ! (23 janvier :
http://www.amavie.org/ )
Prenez-en connaissance, ça vaut le détour : vous découvrirez ainsi bien des causes des maladies modernes.
etc...
par ailleurs
c'est très à la mode les maisons de paille...
« à la mode » n'est pas le mot qui convient à mon humble avis : quand on connaît les propriétés incroyables des murs en paille en terme d'isolation thermique, phonique et autres, à tel point qu'il n'est quasiment pas nécessaire de se chauffer même dans les pays froids, si on y ajoute un sas d'entrée, une serre chauffante côté sud avec, devant, des arbres qui nous protégeront du soleil l'été et qui auront perdu leurs feuilles l'hiver, en bref les caractéristiques des maisons bio-climatiques, si on y ajoute enfin l'auto-construction encadrée par des professionnels , sans compter le matériau renouvelable que constitue la paille, je dirais que si la maison en paille n'est pas plus qu'« à la mode », c'est parce que la logique commerciale veut que les autres techniques de construction, moins isolantes mais plus commerciales (la paille est très majoritairement fréquente dans les réseaux d'auto-construction dans une logique plutôt conviviale que commerciale), sont davantage médiatisées. Mais pas une n'arrive à la cheville des maisons en paille en terme d'isolation et de facilité de construction et de liberté architecture (arrondis etc.)
mais il faut encore se la procurer la paille,
oui, l'augmentation d'une alimentation végétarienne peut contribuer à faire basculer une part croissante de la paille pour un usage agricole vers un usage dédié à l'habitat
produite par des agriculteurs eux-même dépendant économiquement et mécaniquement de l'industrie et de la finance,
et les producteurs bio ? Et l'auto-production collective si une dynamique se met en route pour accélérer une transition vers une agriculture sans intrants ni OGM mais à forte main d'œuvre ajoutée ? Et l'explosion annoncée et entamée du coût du pétrole, donc des intrants ?
pour avoir un terrain
un terrain oui
et des tracteurs...
quant aux tracteurs : de mémoire moins de 1% des paysans dans le monde possède un tracteur, moins de 4% pratique la traction animale, les autres (95%) n'ont ni l'un ni l'autre
bref
ce genre de projets sont plein de bonnes intentions
tout nouveau projet est nécessairement parti d'une bonne intention, cette expression péjorative est à classer parmi la novlangue destinée à nous inhiber, et à ajouter au Petit cours d'autodéfense intellectuelle.
disais-je... même relèvent de l'analyse ou de l'absence d'analyse économico sociale globale
l'analyse, quand elle s'hypnotise, inhibe l'action, c'est l'action qui « les » emmerde, nos dominants, l'analyse les fait bien marrer quand elle s'acoquine avec la parlote. Il faut de l'analyse, à condition qu'elle soit liée à l'action. Voir à ce propos cet extrait d'échange de mail * en fin de document.
typique des générations et populations éducquées, formatées, aliénées au capitalisme néolibéral.
c'est très poétique,
merci
c'est charmant,
encore péjoratif...
c'est merveilleux
ça vous gène ? Pas moi
: mais j'ai pas du tout envie de vivre dans une maison de paille.
Moi non plus avant d'y être entré !
et encore moins de tondre de pauvres bêtes sans savoir où les mettre en pâturage
Il existe plus « paléolithique » encore : « La femme feuille », magnifique roman de mon ami Charles , mais ce n'est pas adapté sous n'importe quelle latitude...
: parce que hein, faut aussi de la place pour faire vivre les troupeaux... et des camions et du gaz oil pour faire venir la laine brute
sauf lorsque nous aurons relocalisé notre économie pour cause de prix prohibitif de l'essence, d'ici quelques années et non pas d'ici quelques décennies comme le croient certains...
dans les bidons-villes des grandes villes où de petites mains écologiques iront travailler la laine achetée misérablement sur des marchés petit-bourgeois écolo par des néo-bourgeois bohèmes crachant sur le système qui les nourrit fort bien du fait de leur recrutement sur les qualités non dites qui les caractérisent.
Ho vous vous êtes lâché là ! Pour ou contre les bidonvilles ? Les écolos sont forcément petits-bourgeois ou néo-bourgeois... Crachant sur le système : il vous convient le système, vous Paul ? Avec ses 95% de conflits armés liés à la prédation des énergies fossiles ? Avec sa Fabrique du consentement ?
mais bon hein
vous ne faites de mal à personne
encore péjoratif, le mot est faible : sarcastique. Et dans l'erreur en plus, car vous ne connaissez pas la puissance du collectif. Normal : l'histoire officielle l'a occultée. Et puis je ne veux faire de mal à personne, même pas à nos dominants figurez-vous.
bonne continuation
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* échange de mail ce jour même 16 janvier 2011 (extrait)
Je crois qu'une abondance alimentaire locale (des noyers, des châtaigners, des pommiers partout, des jardins partagés) peut rendre l'argent partiellement inutile et donc contribuer à "déraciner l'arbre aux billets" comme vous dites si joliment Florence, tout en multipliant des créations de CIGALES et autres investissements solidaires - sachant que la réalité est que l'argent économisé risque fort de partir dans des voyages en Tunisie.
Une fois de plus un acte sans conscience a des effets pervers, d'où cette nécessaire réflexion préalable pour savoir pourquoi on plante des arbres et comment derrière cette action on continue à tirer sur la bonne ficelle de la pelote, pas sur la mauvaise !
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Re-commentaire (ci-dessous), re-réponse :
Ce n'est pas bénévole lorsque l'on travaille pour soi : quand je jardine dans mon potager je ne fais pas de bénévolat.
Je ne fais de différence entre les catégories sociales, pas par principe mais par expérience : les plus cultivés sont parfois les plus résistants au changement (ça confirme les positions de Chomsky), et les plus pauvres économiquement sont ceux qui auraient, qui ont le plus besoin de jardins partagés, ils en faut parfois peu pour qu'ils osent les proposer.